D’une affaire d’adultère à la vérification des fréquentations des enfants, en passant par le recouvrement, les agences proposent un large panel de services. Les professionnels se sont constitués en association pour organiser leur activité. De 2 000 DH à 1 million de dirhams pour réaliser une mission.

Très loin de l’image exagérée transmise par les séries télévisées et blockbusters américains, le métier de détective privé, aussi appelé investigateur, se développe progressivement au Maroc depuis une dizaine d’années. S’il n’y a aujourd’hui qu’une poignée de sociétés à exercer le métier de façon sérieuse, presque une centaine se proclame détective privé. «Beaucoup d’apprentis qui sont passés par les 5 agences d’investigation sérieuses que compte le Maroc nous ont quittés pour ouvrir leur propre agence», explique Salah Eddine Lamdaghri Alaoui, DG de l’agence Media GPS à Casablanca. Il faut dire qu’en l’absence de réglementation, l’activité est ouverte à tout le monde, et donc n’importe qui.

Les possibilités d’arnaque existent bel et bien. «Certaines agences de sécurité privée font aussi de l’investigation car elles ne peuvent survivre sans cela», dénonce le directeur de l’agence Morocco Detectives and Intelligence à Mohammédia. Répartis entre Casablanca, Mohammédia, El Jadida et Marrakech, les détectives privés «professionnels» du Maroc ne bénéficient d’aucune reconnaissance légale sur le territoire marocain. «Nous ne sommes pas couverts par la loi. Nos clients ne sont pas protégés non plus, tout comme les personnes “cibles” (ndlr les personnes surveillées ou qui font l’objet d’une investigation). Autrement dit, personne n’est couvert dans notre métier», confie M. Alaoui. Pour Samir Najdi, «tout dépend de l’activité exercée par l’agence. L’investigation touche également des activités de business risk management ou de recouvrement, qui sont réglementées». Une réglementation dédiée au métier de détective privé serait en cours de préparation. Ce qui est sûr c’est que l’Association nationale des agents de recherche privés au Maroc (ANARP) a été créée récemment justement pour appuyer la volonté des professionnels de doter le secteur d’un cadre légal. Présidée par Abdessamad Taghi, DG de l’agence Privat Investigation Agency, l’association serait en contact avec le gouvernement pour faire avancer le dossier.

La plupart des employés sont des ex-policiers

Même en l’absence de texte législatif, la machine tourne chez les agences, par ailleurs constituées en société à responsabilité limitée (SARL). Chez Media GPS, on traite par exemple 4 missions par mois. «C’est ce que nous permettent nos moyens», explique M. Alaoui. L’agence établit un contrat temporaire le temps de la mission pour le particulier et des contrats de longue durée avec les entreprises. «La plupart de nos clients particuliers sont fidèles et reviennent par la suite», poursuit M. Alaoui.

Au tout début, l’agence travaillait en quasi-exclusivité avec des particuliers. Aujourd’hui, la tendance s’équilibre puisque presque 50% des missions sont commandées par des entreprises. «Les entreprises viennent nous voir pour vérifier les comptes internes, enquêter sur une affaire de vol interne ou encore pour procéder à des recouvrements», explique le DG de Media GPS. Toujours en collaboration avec ses avocats, c’est le directeur de l’entreprise qui s’adresse directement au détective privé. Même constat chez Morocco Detectives and Intelligence. «80% de mes missions concernent des affaires commerciales. J’accepte en effet très peu d’affaires familiales», explique Samir Najdi. Très souvent dans ce type d’affaires, le détective privé et son équipe aident les avocats de l’entreprise cliente à constituer un dossier qui sera par la suite déposé au tribunal de commerce.

De son côté, l’agence procède au recrutement nécessaire pour la mission, qu’il s’agisse d’une affaire familiale ou commerciale. «Nous avons une équipe de 12 personnes sur le terrain. La plupart sont des ex-policiers, les autres ont été formés par nos soins», explique pour sa part M. Alaoui. Il n’est pas rare que le recrutement dépende de la mission elle-même. «Tout dépend des compétences dont j’ai besoin et, selon le cas, je fais appel à mes collaborateurs habituels», dit M. Najdi.

Avec un catalogue de prestations large qui va de la traditionnelle affaire d’adultère à la vérification des fréquentations des enfants, en passant par le recouvrement pour le compte d’une entreprise, les agences de détectives privés pratiquent des prix tout aussi variés. Chez Media GPS par exemple, le coût minimum d’un service est de 30 000 DH et peut aussi bien atteindre 1 million de DH, notamment pour des missions de longue durée. 40% du budget de l’agence sont affectés aux charges directement liées au métier, tel que l’achat de matériel. Le directeur de Morocco Detectives and Intelligence procède autrement. «J’évalue toutes mes dépenses et m’accorde sur un devis avec mon client. Le coût global prend ainsi en compte le service, la durée et mes honoraires. Une mission coûte au minimum 2 000 DH», précise M. Najdi. Des prix qui incluent dans tous les cas la débrouille et les connaissances auxquelles font appel tous les détectives privés

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